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LA MARSEILLAISE DES COTILLONS
( Chant féministe composé au lendemain
des Journées de février 1848 à Paris
et signé L. de Chaumont)


Les révolutionnaires de 1793 avaient exclu les femmes de l'espace public. Le Code civil de 1804 avait institué les femmes mariées en mineures, dépendantes de leurs maris. Les républicains de 1848 les remettent à leur place « naturelle » de mères, gardiennes du foyer. Elles passent du statut de femmes actrices des révolutions populaires, à l'allégorie féminine qui incarne la République :
la Marianne.

En 1848, la voix des femmes est encore peu entendue. Exclues du champ civique (le suffrage universel acquis sous la IIe République est exclusivement masculin), elles sont, au plan des droits civils, placées sous une tutelle masculine, exercée par le père ou l'époux. C'est contre cette double dépendance, et pour voir enfin consacrée l'égalité juridique entre les sexes, qu'œuvreront les féministes.


Couplet 1
Tremblez tyrans portant culotte
Femmes notre jour est venu
Point de pitié mettons en note
Tous les torts du sexe barbu (bis)
Voilà trop longtemps que ça dure
Notre patience est à bout
Debout, Vénusienne, debout
Et lavons notre vieille injure



Refrain
Liberté sur nos fronts
Verse tes chauds rayons
Tremblez, tremblez, maris jaloux,
Respect aux cotillons !
Tremblez, tremblez maris jaloux
Respect aux cotillons !



Couplet 2
L'homme ce despote sauvage
Eut soin de proclamer ses droits
Créons des droits à notre usage
A notre usage créons des lois ! (bis)
Si l'homme en l'an quatre vingt treize
Eut soin de ne songer qu'à lui
Travaillons pour nous aujourd'hui
Faisons-nous une Marseillaise !

Couplet 3
Jusqu'à ce jour dans ce triste monde
Tout était borgne ou de travers ;
Partout sur la machine ronde
La femme essuyait des revers. (bis)
Qu'un pareil chaos se débrouille,
A nous à battre le tambour !
Et vous, messieurs à votre tour,
Filez, filez votre quenouille !


Couplet 4
Combien de nous furent vexées,
Depuis le matin jusqu'au soir !
Nos pauvres paupières lassées,
De pleurs étaient un réservoir. (bis)
Prenons, prenons notre revanche ;
Que le sexe battu jadis
Aujourd'hui batte ses maris,
Ainsi nous serons manche à manche.


Couplet 5
On dit qu'Ève, notre grand'mère,
N'avait chemise ni maillot ;
Supprimons notre couturière,
Oui la couturière est de trop. (bis)
La liberté, chaste amazone,
N'admet ni voiles ni verrous ;
A la barbe de nos époux,
Luttons comme à Lacédémone.



LA MARSEILLAISE DES COTILLONS


interprétée par Rosalie Dubois


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